Le frêne est la 4ème essence feuillue de production de bois. L’épidémie de chalarose impacte durablement les peuplements de frêne, et remet en cause leur sylviculture. Le point sur la maladie et les conseils issus du programme de R&D Chalfrax, porté par le CNPF.
La chalarose du frêne, qu'est-ce que c'est ?
La chalarose du frêne est une maladie provoquée par le champignon Chalara fraxinea, originaire d'Asie de l'Est. La propagation a été rapide dans toute l'Europe depuis les premiers foyers en Pologne et en Lituanie au début des années 90. La maladie s’est propagée par transport et plantation de plants de frêne contaminés et surtout par dissémination aérienne de spores en été.
A partir des premiers foyers du nord-est de la France en 2008, elle a progressé d’environ 60 km vers l’ouest chaque année. La chalarose est désormais installée dans toute la zone de présence du frêne commun. Seul le pourtour méditerranéen, où le climat est défavorable au pathogène et où le frêne oxyphylle domine, est aujourd’hui indemne.
La chalarose est une maladie spécifique des frênes, qui touche tous les paysages et toutes les classes d'âge des arbres. Elle peut attaquer des arbres parfaitement vigoureux au départ, et entraîner rapidement la mort des très jeunes semis. Le champignon colonise les feuilles et jeunes rameaux l'été, et fait chuter prématurément le feuillage dès mi-août. Il provoque des nécroses au collet en cas de forte infection. Celles-ci sont ensuite rapidement envahies par d’autres champignons comme l’Armillaire, et finissent par conduire à la mort de l'arbre.
Mes frênaies sont infectées par la Chalarose : comment faire ?
Même si une grande majorité des frênes sont attaqués par la chalarose, un taux de résistance est avéré. Cette maladie ne provoque pas une mort immédiate de l’arbre, et n’impacte pas directement la qualité du bois, sauf sur les premiers centimètres du collet : les arbres atteints restent ainsi commercialisables.
Par conséquent, la coupe rase n'est pas indispensable pour la plupart des peuplements de frênes atteints, et d'autres options sont possibles. Il est souvent préférable de ne pas faire d'interventions coûteuses, ni de traiter l'ensemble d'une parcelle de façon uniforme.
Il est important d’établir un diagnostic préalable, et d’évaluer l’impact de la chalarose avant toute prise de décision : des critères visuels simples, sans outil de mesure exigeant, permettent un diagnostic en moins de 30 minutes. L'idée principale est de prévoir des éclaircies progressives au profit des arbres les plus beaux et les plus sains.
En pratique
Le frêne commun est l'un des plus sensibles à la chalarose. L'espèce n'est pas menacée en tant que telle, mais la maladie remet en cause la sylviculture des peuplements forestiers à base de frênes. La mortalité d’arbres adultes est rare, ce sont les peuplements jeunes et denses qui sont les plus touchés. Les peuplements mélangés résistent mieux à la chalarose.
- Du stade semis à perchis (diamètre < 20 cm), mettre en place dès que possible un renouvellement ou une transformation du peuplement : les jeunes plantations sont vouées à l’échec dans le Nord et le Centre de la France, et probablement compromises dans le Sud.
- Les peuplements purs de frênes adultes sont à exploiter sans précipitation : les dégâts ne deviennent significatifs que 5 ans après l’arrivée de la chalarose. Les gros bois, voire les bois moyens, peuvent être maintenus, tant que la dégradation du houppier est inférieure à 75%, et qu’ils n’ont pas ou peu de nécroses au collet. La présence de nécroses bien développées au collet est un bon indicateur de mortalité à venir des arbres.
- Aller vers un traitement irrégulier en pratiquant des éclaircies progressives au profit des arbres les plus beaux et les plus sains permet de créer une mosaïque de situations favorable. Dans les peuplements mélangés où le frêne représente moins de 20% des tiges, l’état sanitaire est globalement satisfaisant.
- 2 à 3% des frênes ne développent pas la maladie ; il faut conserver aussi longtemps que possible ces arbres asymptomatiques de tout âge. La sélection d'individus tolérants ou résistants est une voie de recherche de matériel végétal à plus long terme.
Les techniciens du CNPF peuvent vous apporter leur expertise en matière de plantation, d'éclaircie ou de coupe dans vos frênaies ; n’hésitez pas à les contacter pour vous faire conseiller.
Pour en savoir plus : un guide et des vidéos
Un guide d’aide à la gestion de la frênaie française a été publié aux éditions CNPF-IDF en avril 2021, pour restituer les connaissances acquises lors du programme Chalfrax.
Ce guide rappelle les caractéristiques du frêne et ses usages, avant de présenter la chalarose, son origine, ses conséquences et comment y faire face. Les auteurs, chercheurs et forestiers, y exposent les résultats de leurs études, et guident le sylviculteur grâce à de nombreuses fiches pratiques.
Retrouvez les vidéos de cette page, tous les reportages en forêt, et l'émission webTV de clôture et de restitution du programme Chalfrax d'octobre 2020 sur la chaîne YouTube du CNPF.
Le programme chalfrax
Le programme de Recherche-Développement Chalfrax s'est préoccupé de la gestion des frênaies sinistrées par la chalarose. Il a été porté par le CNPF de 2015 à 2020 autour de 5 axes : résistance et tolérance, contexte infectieux et état sanitaire, stratégie de gestion, ressource et valorisation économique, communication.
Au terme de ces 5 années d'investigations, il a permis de restituer les avancées de la Recherche, et de proposer des solutions pratiques aux forestiers et à tous les acteurs de la filière forêt-bois.
Partenaires et financement
Contributeurs associés
Photo en bandeau : frêne atteint de chalarose - Photo Philippe Gaudry © CNPF