L’observation des arbres est un acte de gestion en soi. Comment repérer les arbres d’un peuplement mieux à même de réagir à un stress ? Comment distinguer précocement le caractère réversible ou irréversible d’un dépérissement ?
Depuis 2010, le CNPF développe un outil de diagnostic visuel, la méthode ARCHI. Elle s'adresse aux forestiers, mais aussi à tous ceux qui travaillent hors forêt : arboristes, consultants, paysagistes, etc.

Qu'est-ce que la méthode ARCHI ?
- La méthode ARCHI est un outil de diagnostic visuel du dépérissement et des capacités de résilience des arbres.
- La méthode ARCHI est basée sur une lecture de l’architecture aérienne.
- La méthode ARCHI caractérise les arbres selon leur état physiologique.
- La méthode ARCHI interprète les symptômes d’un dépérissement, mais n’identifie pas leurs causes.
À quoi sert la méthode ARCHI ?
La méthode ARCHI permet de :
- diagnostiquer le caractère réversibleou irréversible d’un dépérissement ;
- ne pas être induit en erreur par des symptômes parfois passagers : déficit foliaire, coloration anormale, mortalité, etc. ;
- ne pas condamner les arbres stressés avant de connaître leur évolution naturelle ;
- conseiller les gestionnaires et propriétaires dans la gestion et le suivi des peuplements.
Quel est le principe de la méthode ARCHI ?
Aujourd’hui, les forestiers ont une vision très linéaire de la vie des arbres. Chacun sait reconnaître un arbre sain, et il est également facile d’identifier les sujets sur le point de mourir.
La difficulté vient de toutes les situations intermédiaires que nous avons tous tendance à placer entre les extrêmes selon un ordre croissant de dégradation du houppier :
Schéma Grégory Sajdak
Malheureusement ce type de classification est très éloigné de la réalité biologique.
Voici un vieux chêne anglais célèbre, cité par le poète Arthur Hugh Clough, pris en photo à plusieurs années d'intervalle. Sauriez-vous remettre ces images dans le bon ordre chronologique ?
Comme tout être vivant, l’arbre passe fatalement par des crises de différentes ampleurs. Ainsi, partant d’un état normal, sous l’influence de divers facteurs, il peut y avoir des écarts à la normale suivis de retours à la normale.
Ce comportement cyclique n’est pas rare. Heureusement d’ailleurs, car c’est de cette façon que les arbres parviennent à vivre si longtemps.
Au cours de ces cycles, trois états peuvent ainsi être définis :
- l’arbre sain (état normal),
- l’arbre stressé (écart à la normale),
- et l’arbre résilient (retour à la normale).
Tout se complique quand l'arbre subit un stress trop intense, ou qui dure trop longtemps, ou encore qui revient trop rapidement.
Dans ce cas, l’écart à la normale est si fort qu’un point de non-retour est atteint. L’arbre est alors dans une situation de dépérissement irréversible, un état si fragile que quelques facteurs aggravants peuvent entraîner une mort inéluctable :
Double diagnostic de la méthode ARCHI : ontogénique (grande flèche horizontale) et physiologique (cycle).
Le schéma illustre le cas des adultes, mais s’applique aussi aux jeunes et aux matures. Schéma Christophe Drenou.
Pour rendre compte de cette dynamique a été développée la méthode ARCHI qui s’appuie sur une lecture de l’architecture des arbres. Le principe est de réaliser deux séries d’observations.
- La première concerne les symptômes de dégradation du houppier : ramification appauvrie, perte de dominance apicale, mortalité... ;
- la deuxième porte sur les processus de restauration du houppier : développement de gourmands, rebaptisés "suppléants" afin de mettre en avant leur rôle déterminant et positif après un stress, recouvrement des plaies, reprise de croissance...
L’étude du rapport de force entre ces processus antagonistes –dégradation et restauration- permet de porter un diagnostic sur l’arbre.
Ainsi, deux chênes, ou même deux douglas, ayant le même taux de mortalité, ou présentant un déficit foliaire identique, n’auront pas du tout le même devenir selon la nature des suppléants qu’ils portent.
Le critère du déficit foliaire peut induire en erreur. Exemple en photos d’un Douglas pris à 3 ans d’intervalle :
Avec la méthode ARCHI, l’attention porte sur la nature des structures feuillées. Ici, en 2011, le feuillage, en grande partie porté par des suppléants, permettait de diagnostiquer une dynamique de résilience, confirmée en 2014.
L'appropriation de la méthode ARCHI nécessite une formation d'environ 2 jours sur le terrain pour chaque essence ou groupe d'essences proches : Chênes, Pins, etc.
Guides d'utilisation de la méthode ARCHI
Le guide de poche "Evaluer la vitalité des arbres" rappelle les principes de la méthode ARCHI et décrit les critères nécessaires pour chaque partie de l’arbre. La 2e partie comprend 8 clés de détermination pour les principales essences, feuillues et résineuses.
Pour en savoir plus
Voici une sélection d'articles à télécharger sur la méthode ARCHI :
- un article paru dans la revue La Garance voyageuse n°105 précisant des notions de vocabulaire, gourmand vs. suppléant (Christophe Drénou, 2014) ;
- un article paru dans la Revue Forestière Française validant la méthode (François Lebourgeois, Christophe Drénou, Marine Bouvier, Jean Lemaire, 2015) ;
- un article paru dans la revue Forêt & Innovation n°1 pour les 12 ans de la méthode (Christophe Drénou, 2023) ;
- la traduction en anglais d'un article paru dans la revue Forêt & Innovation n°12 (La méthode ARCHI, une clef pour comprendre les arbres, Christophe Drénou, 2025).
La revue Forêt & Innovation n°12-2025 consacre son dossier à la méthode ARCHI, et le kakémono ci-contre résume la méthode (CNPF, 2019). Retrouvez également toutes nos vidéos dans la playlist dédiée sur la chaîne YouTube du CNPF.